Aventure culturelle dans le Haut Atlas
Je m’appelle Pauline, je suis française et suis en train de terminer mes études universitaires. Cette fin d’études de Master, dans le domaine de la Gestion et du Développement Touristique dans les Destinations, s’achève par un stage professionnel de 6 mois, agrémenté d’un mémoire professionnel. Mais peut-on vraiment considérer l’expérience que je suis en train de vivre comme un « stage » ? En général, le cliché du stagiaire n’est pas flatteur : statut ingrat, tâches du genre « photocopieuse et machine à café », surexploitation ou ennui du stagiaire … Et bien non, aucune similitude avec ce que je vis au quotidien actuellement. Mon stage s’intègre dans un véritable projet de société, inédit dans la destination, un défi en soi: créer un Ecomusée dans le village reculé de Zaywat Oulmzi, le dernier village de la Vallée des Ait Bougmez, dans le Haut Atlas marocain, à plus de 2000 mètres d’altitude. Le cadre est posé !
Mais déjà qu’est-ce qu’un Ecomusée ?
« Un écomusée, c’est un miroir où la population se regarde, pour s’y reconnaitre, où elle recherche l’explication du territoire auquel elle est attaché, jointe à celle des populations qui l’ont précédé […] un miroir que cette population tend à ses hôtes, pour s’en faire mieux comprendre, dans le respect de son travail, de ses comportements et de son intimité. »
Georges Henri Rivière, définition de l’Ecomusée, 13 janvier 1976.
Alors voilà, la fabrication de ce miroir, j’essaye d’y contribuer depuis maintenant 3 mois. Un beau défi à relever, pour une jeune étudiante, sortant tout juste des bancs de l’école et totalement étrangère à ce territoire des Ait Bougmez,
Je suis arrivée dans cette belle vallée au début du mois d’avril, pour m’immerger au mieux dans le mode de vie local, un quotidien dur mais paisible, où les tâches journalières sont régies par le rythme du soleil et des prières, sans stress ni montre. Une façon de vivre simple et sage, que nous, occidentaux en mal d’authenticité et de quiétude, avons quelque peu oublié. Néanmoins, la vie des Ait Bougmez n’est pas une vie rêvée : loin de tout, l’électricité est arrivée dans la vallée il y a une quinzaine d’années seulement. Une bonne partie de la population est analphabète, l’hôpital le plus proche est à 2 heures de route/piste, l’éducation chez les jeunes s’arrête souvent après l’école primaire, les principaux moyens de transport sont les mules et les ânes, et les jambes… Mais ces habitants, quels personnages ! Et leur cadre de vie, quels paysages !
L’expérience dans la vallée des Ait Bougmez, je la passe entre un Ecolodge nommé Touda et les maisons de familles vivant à Zaywat Oulmzi. Là, je suis logée, nourrie et choyée comme jamais, par les personnes qui font l’âme de l’Ecolodge et du village: Fatima, la cuisinière, Aïsha et Nejma, ses aides, Brahim, aide cuisinier, serveur, muletier, cultivateur, Ali, chef du village et arracheur de dents, ainsi que son fils Ahmed, homme multifacettes et le cœur sur la main. Mais le plus grand merci revient aux courageuses, fortes et souriantes femmes du village, qui assurent la vie quotidienne de leur famille. Saha Tamtot ! (« Merci les femmes » en berbère)
J’ai été accueillie les bras ouverts, par des gens qui n’ont que l’essentiel, la joie de vivre, la gentillesse et l’humilité, et qui me m’ont énormément donné.
Le projet d’écomusée en quelques mots:
• C’est d’abord d’acquisition d’une maison traditionnelle, située au cœur du village, vieille de plus de 200 ans. Une maison au salon de réception exceptionnel, au cachet authentique indiscutable.
• Puis c’est sa rénovation avec certains habitants du village : création d’ouvertures et pose de fenêtres, aplats de peinture, de plâtre et terre, mise aux normes des pièces du bâtiment…
• C’est la mise en valeur muséographique de la maison, avec l’aide de certains habitants également : récolte d’objets de la vie quotidienne, d’hier et d’aujourd’hui, explications sur leur utilisation et leur histoire…
• C’est enfin et surtout l’échange avec les habitants, qui participeront à la vie de l’Ecomusée Vallée des Bougmez en guidant, préparant le thé, tissant ou simplement en passant dire « Salam aleikoum » aux visiteurs !
Ce projet est encore en plein construction, mais il devient petit à petit réalité : sur place, les pièces sont rénovées, le fond muséographique est déjà fourni, l’aménagement et les animations sont prévues… A distance, un site web est créé, les réseaux sociaux sont animés, des partenariats sont en création…
Ce projet, c’est aussi un investissement financier: la rénovation de la maison, l’acquisition des objets, leur mise en scène muséographique, la promotion de l’Ecomusée… Tout cela a un coût. Une autre des missions à laquelle je participe est donc la recherche d’aides financières, auprès des institutions publiques, auprès de réseaux et organismes de promotion de la culture et d’aides diverses, mais également auprès des fondations d’entreprises et des généreux donateurs privés.
Un projet comme celui-ci a besoin d’un véritable engagement communautaire et sociétal, Avis aux intéressés !
Pour finir, cette expérience exceptionnelle, je la doit à une association : L’arbre du Voyageur, et à son créateur, Said Marghadi. L’association œuvre dans la vallée pour le développement humain, pour la mise en valeur de la culture berbère et pour la promotion d’un tourisme durable. Une belle aventure qui ne fait que commencer, puisque je suis en « expérience Ait Bougmez » jusqu’à la fin du mois de septembre 2015… Mais à coup sûr, l’aventure ne s’arrêtera pas là, Inch Allah… On ne peut quitter cette ambiance du Haut Atlas et de la « Vallée des Bougmez », le coup de foudre est immédiat et inoubliable…
Quelques liens utiles qui illustrent mes propos :
Pages Facebook de
* l’Ecomusée
* De la vallée des Ait Bougmez
Le site internet est en cours de création !
Un film qui porte toutes les saveurs de la vallée, véritable ambassadeur